L’économie écologique est une discipline scientifique qui cherche à combiner les apports de différentes sciences naturelles (thermodynamique, science du climat, écologie, etc.) et sociales dans l’étude des rapports entre économie et environnement. La discipline s’est formée à la fin des années 1980, en réaction à ce qui était interprété comme les erreurs des courants de l’économie standard qui traitent des questions environnementales (économie des ressources naturelles et de l’environnement). Ainsi, si l’économie néoclassique de l’environnement tente d’«économiciser» l’écologie, notamment en soumettant la nature au mécanisme du marché (marché des droits de polluer, monétisation et quantification des services écosystémiques, etc.), l’économie écologique propose plutôt d’«écologiser» l’économie en replaçant celle-ci comme sous-système social, construit et contractuel, soumis  aux réalités biophysiques, non-contractuelles (Gendron, 2015: 60). L’économie n’est donc plus comprise exclusivement en termes d’échange et de production, mais dans les termes physiques, énergétiques et biologiques impliquées dans les processus productifs. Les institutions sociales (culture, valeurs, représentations symboliques, etc.) déterminent comment l’économie fonctionne. Ensuite, le système socio-économique est lui-même déterminé par le système biophysique qui en définit les limites. Ainsi, si le système biophysique est perturbé, une chaîne de rétroactions sera enclenchée, affectant les systèmes sociaux et économiques. Cette compréhension de l’économie comme encastrée dans l’environnement n’est pas une proposition morale ou éthique. Elle se veut être une description scientifique et littérale de comment le monde fonctionne.

Par rapport aux disciplines standards en sciences sociales, l’économie écologique affiche ouvertement ses positions éthiques. Ainsi, l’économie écologique poursuit la mise en oeuvre de trois principes éthiques dans un ordre prioritaire précis: 1) la soutenabilité écologique des activités socio-économiques 2) la justice redistributive intra- et intergénérationnelle 3) l’efficacité économique (comprise comme non-gaspillage) des biens et services sociaux et environnementaux.

Finalement, en contraste encore une fois avec les approches standards, l’économie écologique défend le pluralisme méthodologique, c’est-à-dire qu’un ensemble de méthodologies est valide pour l’études des rapports économie-environnement. Ces méthodes peuvent être quantitatives (statistiques, comptabilité biophysique, économétrique, etc.) comme qualitative (ethnographique, études de cas, délibération, etc.) La discipline est elle-même divisée en courants. Certaines approches (Robert Costanza) privilégient de mieux comptabiliser et quantifier le ‘capital naturel’ et les ‘services écosystémiques’ rendus aux humains par ceux-ci en proposant de mettre un prix (paiement et évaluation) sur ces services. Cette approche permet, par exemple, de calculer le coût économique (monétaire) et environnemental (équivalent monétaire) de l’inaction en faveur de l’environnement en calculant la perte de services écosystémiques engendrés par la pollution. D’autres approches tentent de définir les dimensions d’une économie stationnaire, c’est-à-dire qui aurait cessé de croître son impact anthropique et qui serait contenu dans les limites biophysiques des écosystèmes (Hermann Daly, Joshua Farley). Cette approche insiste sur le distinction entre ‘croissance’, définie comme accroissement monétaire (PIB) de l’économie se traduisant par une augmentation de l’impact anthropique de l’économie et le ‘développement’, entendu comme amélioration qualitative de la qualité de vie (allongement de l’espérance de vie, hausse des années de scolarité moyennes, baisse de la criminalité, etc.) Si certains courants de l’économie écologique envisagent leur travail comme modélisation conjointe des modèles développés en écologie et en sciences économiques, d’autres courants, qualifiés d’«institutionnalistes», montre que les échanges économiques et les rapports économie-environnement s’inscrivent dans un cadre légal et structurel qui définit la possibilité d’actions pour les individus. Autrement dit, pour cette-dernière école, s’il s’agit de changer les rapports économie-environnement, encore faut-il changer les structures sociales qui encadrent les rapports économie-environnement. Finalement, la discipline se distingue par le foisonnement des méthodologies participatives d’évaluation non-monétaire de la nature de concert avec les acteurs locaux. Ces méthodologies permettent notamment de hiérarchiser les enjeux socio-économiques au sein d’une communauté d’une manière consensuelle et en évitant le recours à des outils monétaires ou financiers.

Source

Spash, Clive (Ed.) (2017). Routledge Handbook of Ecological Economics; Nature and Society, Londres, Éditions RoutledgeGendron, Corrine (2015). Sociologie de la transition: quelle société post-écologique? Cahiers de recherche sociologie, No 58, «Pour une sociologie de la transition écologique», Hiver 2015, pp. 55-72

Pour aller plus loin: Exploring Economics, Ecological Economics: https://www.exploring-economics.org/en/discover/search/?perspective=10&topic=&language=&q=Karp, A. (2020). The Promise of Ecological Economics, Resilience, En ligne, https://www.resilience.org/stories/2020-03-02/the-promise-of-ecological-economics/

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27 janvier 2023 08:16

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L'économie écologique est l’étude des relations et interactions entre les économies et les écosystèmes qui les soutiennent. Il s’agit d’une collaboration interdisciplinaire entre l’économie, l’écologie et d’autres sciences sociales et naturelles, dans le but de comprendre en quoi consiste la durabilité et comment y arriver. 

Source

Société canadienne d’économie écologique (Canadian Society for Ecological Economics, n. d., traduction libre). Page 7.

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